Bonjour Jacques,
Je vous remercie de partager ce petit moment avec moi, mon souhait à travers cet échange est de faire découvrir la personne, mais aussi l’auteur que vous êtes et pourquoi pas le lecteur !
J’avoue être intimidée, peut-être parce que je ne vous connais pas très bien, donc cet échange va être encore plus riche !
C’est parti !
Un petit thé, un café, une bière ?!
Jacques, pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas, pourriez-vous vous présenter ?
J’ai 58 ans, je suis marié à une perle rare et j’ai trois enfants. Bientôt en retraite de mon métier de joaillier, je passe mon temps libre à écrire ou à massacrer un tas de morceaux que j’aime à la guitare et au piano. Et au casque, pour ne pas divorcer.
Comment vous décririez-vous de caractère ?
Plutôt opiniâtre, voire têtu. Quand j’ai décidé d’entreprendre quelque chose, bonne chance pour me faire changer d’avis. J’aime ce qui repose l’esprit : la musique, la lecture, les balades en forêt et le vent dans les sourcils. Parce que pour ce qui est des cheveux, hein…
Quelle a été la place de la lecture dans votre enfance ? Que lisiez-vous ?
J’ai toujours énormément lu, aussi loin que je me souvienne. Du polar, du noir et des récits d’aventures. Frédéric Dard, Boileau-Narcejac, Jules Vernes, Agatha Christie, Gaston Leroux, Exbrayat, Edgar Rice Burroughs, Edgar Allan Poe… Des mystères, des crimes, des enquêtes tirées au cordeau, des personnages emblématiques qui ont bercé mes premières années de lecture compulsive. Chacun d’entre eux m’a fait passer de très bons moments que je n’ai jamais oubliés.
Quelles études avez-vous suivies ?
Un bac scientifique, puis une première année de fac à Jussieu qui m’a fait comprendre que ce domaine ne m’attirait pas du tout, finalement. J’ai ensuite pris à 20 ans la décision de me lancer dans l’apprentissage du métier de mon père et je le pratique encore aujourd’hui, mais plus pour très longtemps.
Quelles sont les causes pour lesquelles vous vous battez ? Qu’est-ce qui vous anime ?
Avec l’empathie, la tolérance représente pour moi la plus haute valeur de la civilisation. Tout ce qui s’oppose à cette idée fondamentale, comme n’importe quel intégrisme — qu’il soit politique, religieux, ou simplement dogmatique — me donne de l’urticaire. Et je me gratte avec l’écriture.
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Maintenant que nous vous connaissons davantage, parlons de l’auteur qui est en vous !
Comment en êtes-vous venu à l’écriture ? Est-ce un besoin ?
L’écriture est venue d’elle-même sur le tard à force de lire et d’avoir envie de me frotter, moi aussi, à une histoire inventée de toute pièce. Première nouvelle à 27 ans, en 1988, puis une trentaine d’autres sur une vingtaine d’années avant d’oser croire que je pourrais commettre un roman. Depuis Colère Noire, ce tout premier bouquin pondu en 2008, je n’ai jamais pu arrêter d’écrire plus de quelques jours. C’est vraiment devenu une deuxième nature, une partie insécable de ma vie.
Vous avez écrit une dizaine de romans. Habituellement, les journalistes ont tendance à classer les auteurs dans des « cases », dans quel genre vous classeriez-vous ?
J’en suis aujourd’hui à 13 romans achevés. Le quatorzième est en cours, et je ne me reconnais dans aucune case préétablie. Si mon genre de prédilection a toujours été le Noir, j’aime savoir que je peux écrire ce que je veux sans aucune contrainte ni exigence de qui que ce soit, aussi bien en ce qui concerne la longueur de texte que du thème que j’aborde. Il n’y a par exemple aucun point commun entre mon dernier roman Enfermé.e, qui traite (mon cheval de bataille cité plus haut) de l’intolérance face à la différence — ici la transidentité — et le Loup peint, Colère noire ou Principes mortels, qui sont eux-mêmes complètement étrangers les uns aux autres en termes d’écriture. Ces cases artificielles, qui ne reconnaissent pas à l’écrivain la liberté de voyager à sa guise dans l’imaginaire, n’ont à mon avis aucun intérêt et elles n’ont d’existence que pour ceux qui les créent, pas pour ceux que l’on essaie d’enfermer dedans.
Comment procédez-vous lorsque vous êtes en période d’écriture ? Avez-vous des rituels ?
J’ai un rituel bien établi : mon train de 5 h 47 le matin qui m’emmène travailler à Paris. Bureau mobile par excellence, je n’ai pas le loisir de m’y préparer un café ou d’écouter mes chats ronronner sur mes genoux, alors je me suis adapté à la contrainte. Casque intra-auriculaire pour parer à toute gêne auditive — même si les voyageurs sont rarement bruyants à cette heure-là ! –, et ordinateur de poids minimum et autonomie maximale. Le midi, je déjeune avec un lance-pierres et je m’y recolle pour trois quarts d’heure avant de reprendre le travail. Bon an mal an, cela représente au total environ deux heures d’écriture par jour. En fin de roman, quand la pression devient encore plus forte, j’écris aussi le soir, mais cela ne dure qu’un mois ou deux, le temps de boucler le livre. La soirée, c’est plutôt consacré au repos et à la vie de famille.
Faites-vous relire vos écrits au fur et à mesure de votre avancée ?
Je l’ai fait à mes débuts, mais je sais aujourd’hui que mes romans ne sont figés qu’au moment ou j’écris le mot fin. Jusqu’au bout, je garde la liberté de changer de premier chapitre, d’angle de vue, voire de toute l’architecture de l’histoire. Un lecteur qui commencerait un de mes livres en phase d’écriture serait surpris d’assister à la métamorphose de l’intrigue en cours de route. Donc non, aucune ingérence extérieure au fur et à mesure de l’avancée du titre, mais 4 lectrices chevronnées (et sans pitié) pour un premier tir de barrage à la fin du travail. Un truc pas clair ? Un illogisme ? Un détail oublié ? Elles veillent au grain, et elles savent toute la confiance et l’amitié que je leur porte depuis toutes ces années. J’écoute leurs avis et j’en tiens compte avec la plus grande attention, parce qu’ils sont le reflet de ce que mes lecteurs ressentiront ensuite en parcourant ce nouveau roman.
Parlez-nous de vos romans ? Un vous tient-il plus à cœur que les autres ?
Question compliquée s’il en est. Tous ont nécessité des mois de travail, tous m’ont apporté le plaisir de la conception et l’angoisse de la paternité. Enfermé.e, le petit dernier, m’a demandé encore plus de recherches et de prise de recul sur moi-même, c’est indubitable. Mais de là à dire que c’est mon préféré, franchement je ne sais pas…
Comment vous documentez-vous pour écrire vos livres ? Interview ? Enquête de terrain ? Recherches en bibliothèques, internet ?
Je réalise mes recherches principalement sur Internet, mais rien ne remplace la sensation sur le terrain. Quand je le peux, comme pour Quatre racines blanches au Québec, en 2011, je me rends sur les lieux où j’ai l’intention de bâtir mon intrigue. Cela me permet de m’approcher au plus près de l’ambiance. De la température, des odeurs, de la lumière, des gens qui vivent là. Je suis également allé en bibliothèque, notamment en Bretagne, pour De sinistre mémoire, parce que j’étais justement à la recherche de documents qu’on ne trouve pas sur le web. Je voulais la petite Histoire, celle qui a marqué les familles au fer rouge, mais qui ne figure pas dans les manuels. Je m’étais mis en tête une odeur de vieux papiers, d’événements noyés dans la mémoire de cette guerre qui a tellement fait couler d’encre, mais dont la narration ne pourra jamais se hisser à la hauteur du sang versé.
Quel lecteur êtes-vous ? Réussissez-vous à lire lorsque vous écrivez ?
Je n’ai aucun problème à lire en période d’écriture, sauf quand je découvre que le livre traite d’un sujet proche du mien. C’est la mésaventure qui m’est arrivée tout au début de la mise en place de L’enfant aux yeux d’émeraude avec Cadres noirs, de Pierre Lemaître. Dès que j’ai senti la proximité de mon idée avec le début de ce livre, je l’ai abandonné, et je ne l’ai terminé qu’après avoir achevé mon propre roman. Je ne voulais prendre absolument aucun risque d’être influencé par cette histoire qui me semblait de premier abord très voisine de la mienne. Impression fausse, au demeurant, comme j’ai pu m’en rendre compte à la fin de cette lecture.
Est-ce que d’autres projets vous animent ? Pouvez-vous nous en parler ?
Ma moto et les grands espaces, ma retraite va être plutôt active à ce niveau…
Que faites-vous le 11 mai ?! Cette date vous tient à cœur ? Pourquoi ?
Le 11 mai 2019, c’est la journée des Psychopathes du polar. Cette date est calée depuis des mois, et je l’attends avec impatience parce qu’un salon comme celui-ci brille au firmament des meilleurs événements de l’année. Pétri de bienveillance, d’amitié et de passion, il est à l’image de ses créatrices.
Un petit mot pour Pépita, Marie-No, Karine ?
Love, les filles. Je ne raterais ce rassemblement pour rien au monde. Je vous aime fort pour tout ce que vous faites pour tous les auteurs qui viennent vous y retrouver.
Un dernier mot ?
À bientôt à Fargues !
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Quatrième de couverture : Les premiers papillons ont éclos derrière ses paupières. Elle en avait déjà vu de semblables, enfant, un été au bord de l’océan, jaunes et violets contre le ciel d’azur. Elle était allongée au soleil, l’herbe souple courbée sous sa peau dorée. Le vent tiède soufflait le sel iodé de la mer dans ses cheveux. Aujourd’hui, l’astre était noir. Le sol dur sous ses épaules. Et l’odeur était celle d’une marée putride qui se retire. Les papillons s’éloignaient de plus en plus haut, de plus en plus loin. Et l’air lui manquait. Lui manquait… Elle a ouvert la bouche pour respirer un grand coup, comme un noyé qui revient d’un seul coup à la surface. Les papillons ont disparu, brusquement effrayés par un rugissement issu du fond des âges…
Quatrième de couverture :
Hiver 2015. Durant l’absence prolongée des propriétaires, une villa de la banlieue parisienne est le théâtre d’un crime atroce. Lorsqu’il arrive sur les lieux, le capitaine Magne découvre avec effroi que le corps n’est plus reconnaissable. Pas de vêtements, pas de papiers : l’identification s’annonce compliquée.
Décembre 1944. Londres. Un officier américain scrute avec inquiétude le brouillard qui plombe le ciel de l’Angleterre. Il projette de traverser la Manche au plus vite pour rejoindre la France, où il doit préparer l’arrivée prochaine de ses hommes. Le mauvais temps s’éternise, mais bientôt une proposition inattendue va faire basculer son destin.
Soixante-dix ans plus tard, elle confrontera les enquêteurs du quai des Orfèvres à l’un des mystères les plus stupéfiants qu’ils aient jamais rencontrés.
Quatrième de couverture : Deux jeunes trouvent la mort à Paris, victimes d’un tueur qui leur injecte de l’héroïne pure. Deux SDF subissent également un sort funeste dans les sous-sols de la gare de Lyon. La copie d’une lettre codée ancienne va parvenir à la police, et la mettre sur la trace d’une vieille histoire qui trouve sa source en Bretagne, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le capitaine Daniel Magne et la jeune APJ Lisa Heslin vont tâcher de remonter dans le temps pour démêler l’affaire… mais celui qu’ils traquent est-il le vrai coupable, ou également une victime ?
Quatrième de couverture :
Daniel Magne, officier de police à Paris, est en voyage professionnel au Québec. Il représente la France dans un congrès qui va se tenir à Montréal et qui rassemblera les polices des pays francophones. Seul témoin du meurtre d’un de ses collègues canadiens et de l’enlèvement d’une femme, il est sollicité par l’inspecteur-chef Anatole Lachance de la Sûreté du Québec pour l’aider à identifier les assassins. Peu après, le corps supplicié de l’inconnue est découvert à l’entrée de la réserve mohawk de Kanawaghe sur la rive du Saint-Laurent. Avec sa coéquipière et compagne Lisa Heslin qui l’a rejoint, Magne se lance dans une enquête hors juridiction particulièrement délicate et périlleuse. Sans le savoir, ils viennent de mettre les pieds sur le territoire de l’un des criminels les plus dangereux du Canada.
Les Lectures de Louise
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