Bonjour Jérôme,
Dans tes livres, l’enfance a beaucoup de place donc dis-moi :
- Quelle place occupait la lecture dans ta famille ?
Ma mère lisait beaucoup. Le fait de voir des livres trainer un peu partout a titillé ma curiosité...
- Que lisais-tu enfant ?
De tout ! Des livres pour enfants, des biographies, des romans... Je lisais tout ce qui trainait !
- Peux-tu me dire quelle était la place de la littérature lorsque tu étais enfant ? Un souvenir ?
Une très grande place ! J’étais timide, réservé et donc me sentais en sécurité avec les livres. Je me souviens un jour avoir caché un livre dans mon sac de foot. Il me restait que quelques pages à lire, c’était un Mary Higgins Clark, et je voulais absolument connaître le dénouement, mais je devais me rendre à un match. À la mi-temps, je me suis penché au-dessus de mon sac de foot, j’ai ouvert le livre et terminé le livre sans que personne ne s’en aperçoive. Par contre, je n’ai rien écouté des consignes de l’entraineur...
Parlons maintenant de l’auteur :
- Comment as-tu commencé à écrire ? Depuis quand ? Et quel a été l’élément déclencheur ?
J’ai commencé à écrire suite à une mauvaise lecture, il a une dizaine d’années. Que l’écrivain dont je venais de terminer le livre se permette de vendre une histoire aussi mauvaise m’a révolté. Pour moi il faisait le plus beau métier du monde et c’était juste improbable, irrespectueux.
Bien sûr, ce n’était que mon opinion de lecteur et cela ne signifiait pas que ce livre était mauvais, mais c’était mon impression.
alors, sachant que la critique est facile, je me suis dit : OK, gros malin, tu critiques cet écrivain célèbre, bien. Mais serais-tu au moins capable d’écrire une histoire qui tienne la route et qui fasse plus de trois cents pages ?
Je venais de me lancer un défi et j’étais décidé à le relever.
- Y a-t-il des moments précis où tu écris ?
Pas exactement. Ce peut-être le matin comme l’après-midi ou le soir. C’est surtout selon l’inspiration.
- As-tu un plan lorsque tu écris ?
Sur le papier, non. Dans ma tête, oui.
Ab ovo, le roman est visualisé comme un film, c’est sa première forme. Quand le film est clair dans mon esprit, alors je me mets à écrire.
- La musique a-t-elle un rôle lorsque tu écris ? Quel genre ?
Oui elle a un rôle, mais surtout pour me plonger dans un état, une atmosphère qui colle avec l’histoire. Donc avant d’écrire, j’écoute un peu de musique puis j’éteins et je me lance. En ce moment, j’écoute Memoryhouse de Max Richter, mais aussi Zimmer, Mansell.
- Pourquoi la littérature policière ? Enfin noire je veux dire.
Parce qu’on peut tout mettre dedans. Nos peurs, nos joies, nos violences, nos douceurs. Nos pensées religieuses, politiques... L’inavouable comme le consensuel.
On s’attaque à tous ces sujets et on saupoudre tout cela d’une bonne intrigue.
- Penses-tu que l’écrivain a un rôle particulier à jouer dans la société ? Et quel est-il ?
Oui, celui de divertir. De permettre aux lecteurs de s’évader un instant et d’oublier les soucis du quotidien.
- LES CHIENS DE DETROIT, ton premier roman nous a tous séduits, du pur bonheur. Peux-tu nous expliquer comment tu as eu l’idée de l’écrire et surtout comment cette aventure a démarré ?
À l’époque, en tant que jeune papa, j’ai voulu me débarrasser de ma peur la plus profonde : que mon fils disparaisse. J’ai ressenti une nécessité viscérale d’écrire là-dessus pour exorciser cette peur.
Après, l’imaginaire construit le reste autour du sujet principal. Il ajoute des personnages, des lieux, une légende...
- Et donc là on ne t’arrête plus, avec LE DOUZIÈME CHAPITRE, tu nous confirmes que tu as un réel talent, l’enfance est encore présente, un sujet de prédilection pour toi ?
Après les chiens de Détroit et son succès, j’avais deux possibilités : rester dans ce style, une ville froide, pluvieuse, métallique, aspect policier très présent ou changer complètement d’ambiance.
J’ai décidé, puisque ce serait mon deuxième livre, d’oser pour ne pas être cantonné et catalogué dans un style précis. J’ai donc choisi le soleil, la plage, les grandes étendues de Vendée. J’ai également opté pour une écriture plus poétique, plus « littérature blanche ».
Le prochain sera également différent, tant par sa structure narrative que par son sujet.
Bon Jérôme, on arrive au terme de cet interview donc ma dernière question :
- Un coup de cœur, un coup de gueule ? Peu importe le sujet, je t’écoute.
Coup de gueule sur le statut de l’écrivain dans la société française. Au pays de Voltaire, Hugo, Zola et tant d’autres, écrivain n’est toujours pas un métier, mais un loisir.
Et pour ne pas finir sur une note négative, coup de cœur pour Calmann-levy qui a osé m’éditer !
Encore une fois merci d’avoir répondu à mes questions, mais dis-moi, tu fais quoi le 11 mai 2019 ? Bon là, c’était la dernière enfin, je crois….
Je dégusterai un entre deux mers en te remerciant de m’avoir invité !
On se réjouit de t’avoir parmi nous. À très vite
MN©
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