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Photo du rédacteurLes Psychopathes du Polar

Sébastien Vidal, parlez-nous de vous !


Bonjour Sébastien,

Je vous remercie de partager ce petit moment avec moi, mon souhait à travers cet échange est de faire découvrir la personne mais aussi l’auteur que vous êtes et pourquoi pas le lecteur !

J’avoue être intimidée, peut-être parce que je ne vous connais pas très bien, donc cet échange va être encore plus riche !

C’est parti !

Un petit thé, un café, une bière ?!


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Sébastien, pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas, pourriez-vous vous présenter ?

Bonjour, je veux bien un café ! Je vis en Corrèze, le département où je suis né. C’est un retour aux sources après deux bonnes décennies de « bourlingage ». J’ai 47 ans, je suis marié et j’ai deux enfants. Je pratique le sport (course à pied, un peu de cross-fit) et je saisis toutes les occasions de me retrouver en pleine nature. Je peux passer une journée sans écrire mais pas sans lire. Il me faut ma dose quotidienne d’émotions, de surprise, de voyage, de rêves. J’adore aussi le cinéma et je me perfectionne dans la permaculture.

Comment vous décririez-vous de caractère ?

Toujours compliqué de se décrire ou s’évaluer. Mais je dirais que je pense être facile à vivre, mais il ne faut pas me casser les couilles. Très empathique, je suis malgré tout très rancunier. Fidèle en amitié je ne supporte pas la trahison.

Quelle a été la place de la lecture dans votre enfance ? Que lisiez-vous ?

Grâce à mon entourage (ma mère, ma grand-mère paternelle, ma marraine, que des femmes tu as remarqué…) j’ai su lire très tôt. Le premier vrai livre que j’ai lu était un recueil d’histoires de la Comtesse de Ségur. Un livre avec une couverture bleutée, épaisse, avec le titre et le nom en fil doré. Je m’en souviens très bien, ça marque. Ensuite il y a eu pas mal de BD, les classiques, Tintin, Astérix, Buck Danny et Blueberry. Les Lagaffe aussi. Je me suis régalé avec les Jules Verne, l’encyclopédie Tout l’univers et puis à 15 ans, l’électrochoc, le livre Charlie de Stephen King. Ensuite, j’ai découvert celui qui m’a époustouflé par son style, Antoine de Saint-Exupéry. Et puis sont venus dans le désordre Victor Hugo, Hemingway, Claude Michelet, Steinbeck, London et Cendrars. Je me suis construit avec eux. Je crois que la génération à laquelle j’appartiens a été bénie par son époque. Pas d’internet, pas d’écrans partout. Trois chaines télé, ensuite cinq. Donc si on avait le goût de lire, c’était facile, on avait du temps, un temps qui s’étend encore plus entre les pages. Le temps mais aussi l’espace.

Quelles études avez-vous suivies ?

Je n’ai pas suivi d’études, ce fut trop bref pour appeler ça des études. J’ai arrêté les frais à la fin du collège parce que je m’y emmerdais ferme. J’ai suivi une formation en pâtisserie et obtenu un CAP. Voilà pour les études, cela s’est achevé là. En revanche, pour l’école de la vie, ça continue toujours.

Quelles sont les causes pour lesquelles vous vous battez ? Qu’est-ce qui vous anime ?

Je ne sais pas si on peut dire que je me bats pour une cause. J’ai toujours eu du mal à me mettre dans une foule pour manifester par exemple. En revanche certaines choses me préoccupent. La pauvreté qui s’étend, le gouffre qui se crée entre les classes. J’ai une immense admiration pour l’Abbé Pierre par exemple. Ce qu’a fait cet homme est gigantesque, et surtout, il a mis ses actes en corrélation avec sa pensée et ses paroles. Seuls les actes comptent. Des hommes comme ça, il y en a très peu. Dans mon coin j’agis pour la planète, ce qu’on appelle faussement l’écologie, parce que l’écologie c’est plutôt devenu un truc phagocyté par la chose politique et économique. Plus ça va, plus je pense que la solution vient de nous en tant qu’individu, pas des instances, quelles qu’elles soient.

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Maintenant que nous vous connaissons davantage, parlons de l’auteur qui est en vous !

J’ai toujours plus ou moins écrit. Depuis les fameuses rédactions du collège. J’adorais ça. Ce sentiment de plénitude, il ne m’a jamais plus quitté. Mais je ne crois avoir eu le choix en ce qui concerne l’écriture. Je dois écrire, c’est un fait. Des choses se passent en moi, des personnages s’invitent, ils prononcent des phrases dans des endroits singuliers, ça se confronte au réel et à mon vécu et ça finit par faire des histoires.

Comment en êtes-vous venu à l’écriture ? Est-ce un besoin ?

Ce n’est pas un besoin dans le sens que l’on donne à des activités comme manger et dormir. C’est plus viscéral que ça. Ça doit sortir, quand une phrase me vient, si je ne l’écris pas, je suis chiffonné, je ne me sens pas bien, je traîne ce sentiment avec moi tant que je n’ai pas écrit cette phrase ou cette scène. Mais tout cela est indubitablement lié à la notion de plaisir aussi. Manier les mots, les agencer, trouver la formule qui va générer l’émotion et faire surgir l’image, nous cherchons tous cela, c’est ce qui nous obsède. Et puis il y a les personnages. Quand on est lecteur on les rencontre, mais quand on écrit on vit avec. Je crois que c’est Alexandre Soljenitsyne qui a dit que la littérature est le moyen le plus puissant de faire l’expérience de la souffrance humaine.

Vous avez écrit plusieurs romans. Habituellement, les journalistes ont tendance à classer les auteurs dans des « cases », dans quel genre vous classeriez-vous ?

Je pense qu’on me voit comme un auteur de polar. Mais pour moi, les cases, ça ne veut pas dire grand-chose et ça ne sert à rien, sauf à ranger bien comme il faut. La frontière est si ténue entre les soi-disant genres que parfois elle s’efface. Actuellement un écrivain comme Franck Bouysse le montre très bien, ses histoires tiennent du roman noir mais son écriture n’a rien à envier à la blanche. Pareil pour Hervé Le Corre, Sorj Chalendon, Colin Niel, Joseph Incardona ou Pascal Dessaint. (Liste non exhaustive) Si Emile Zola vivait aujourd’hui et qu’il publiait Germinal, dans quelle case on le mettrait ? Et Dostoievski ? Pour moi il n’y a que la littérature, mettre des frontières aux livres, eux qui s’attachent à les abolir, c’est un non-sens. Le problème c’est que ce langage est devenu une norme, les éditeurs eux-mêmes communiquent avec ces fameuses cases, ces genres, et nous-mêmes, les auteurs, si nous voulons être compris des gens devons utiliser ces artifices pour être définis avec précisions. C’est regrettable. Pour moi il y a les livres. Des bons, des moins bons, des très grands et d’autres beaucoup moins. Des livres avec lesquels la rencontre s’est faite, d’autres avec lesquels elle ne s’est pas faite.

Comment procédez-vous lorsque vous êtes en période d’écriture ? Avez-vous des rituels ?

Il n’y a pas de période d’écriture. Quand on est romancier, on écrit tout le temps. Quand on a les idées, qu’on pense aux personnages, aux situations, qu’ils se façonnent doucement pendant qu’on boit notre café le matin ou qu’on est en train de faire son footing, c’est déjà de l’écriture. Mais quand vient le moment de passer au clavier, il n’y a pas vraiment de rituel. La seule règle qui prévaut c’est que j’écris tous les jours. C’est la grande leçon que j’ai apprise de Stephen King. C’est le meilleur moyen de rester dans la dynamique, de conserver l’allant et l’émotion intacte, on reste chaud, prêt à, pas besoin d’échauffement pour relancer la machine. Matériellement j’ai besoin d’un ordinateur de préférence, mais ça m’est arrivé d’écrire sur papier. Mais je préfère le clavier. Je peux écrire n’importe où à partir du moment où il n’y a pas trop de bruit. Et à n’importe quelle heure de la journée ou de la nuit. La vérité c’est que la plupart du temps ça se passe dans mon bureau, avec la vue sur un étang et des forêts, en journée, et sur une durée de deux heures et demi-trois heures. Après je suis cramé, je dois m’arrêter, faire autre chose, jardiner, du sport, lire, regarder un film, le ménage. Une fois que je me suis régénéré, je peux m’y remettre.

Faites-vous relire vos écrits au fur et à mesure de votre avancée ?

Mon épouse, Sandra, est ma première lectrice. Quand j’ai pondu un chapitre, ou deux s’ils sont courts, elle lit. À son attitude, à ses réactions, je sais si je suis dans la bonne direction, si tel personnage fonctionne ou pas. Elle lit beaucoup de polars, la plupart sont assez éloignés de mon style, elle est assez thrillers, moi pas tellement. Donc son avis compte beaucoup. Ce n’est pas tant qu’elle aime ou pas ma production, c’est surtout de savoir si ça tient la route et si les personnages fonctionnent, s’ils génèrent l’empathie ou la détestation, en tout cas qu’ils ne laissent pas indifférent.

Parlez-nous de vos romans ? Un vous tient-il plus à cœur que les autres ?

Le dernier, Akowapa. Dans la trilogie, c’est celui avec lequel je me suis le plus approché de ce que je voulais faire, de ce que je souhaitais exprimer. Je n’y suis pas totalement parvenu, mais je n’ai jamais été aussi proche de ce but, de cette volonté. J’espère que ça progressera encore avec le suivant. Mes romans sont plantés dans le monde rural, et ils éclairent des gens qui la plupart du temps sont invisibles et inaudibles. Un polar qui se respecte ne peut pas faire l’économie de parler de la société. Les personnages qui jalonnent mes histoires sont ce qu’il y a de plus important, l’intrigue elle, est secondaire. J’attache une grande importance à l’écriture, le style, c’est pour moi fondamental. Un ami auteur m’a dit récemment que j’écrivais des westerns modernes, je crois qu’il a mis le doigt dessus.

Comment vous documentez-vous pour écrire vos livres ? Interview ? Enquête de terrain ? Recherches en bibliothèques, internet ?

Aller sur les lieux où va se dérouler l’histoire est très important, pour voir, sentir les choses. Rien ne remplace l’odeur et le son, les bruits du vent qui s’accroche aux ramures, un murmure de rivière plus bas dans la gorge, la texture d’une écorce etc… En revanche, la configuration de la région où ça se passe n’a que peu d’importance, je peux prendre des libertés avec l’espace et le territoire. Ensuite, pour ce qui est des personnages, si besoin, je rencontre des gens, je pose des questions. Internet a l’avantage de faire gagner beaucoup de temps, encore faut-il être sûr du site et de l’information. Il y a énormément de renseignements dans d’autres ouvrages, on revient toujours au livre. Je fais des recherches parce que se documenter, c’est respecter son travail, c’est respecter la littérature et le lecteur. Par exemple, en ce moment, pour mon prochain roman, je me documente sur la sculpture et ceux qui pratiquent cet art, il y a beaucoup de matière sur le sujet, il faut trier.

Quel lecteur êtes-vous ? Réussissez-vous à lire lorsque vous écrivez ?

Je ne peux pas passer une journée sans lire. Même si je suis très pris, ou fatigué, j’aurais forcément un moment pour lire. Je lis chaque jour, mais ça ne veut pas dire que je dévore de grandes quantités de bouquins. Je lis lentement, j’aime m’imprégner des mots, de la petite musique qui se cache entre les phrases. Pour la percevoir, il faut ralentir. Souvent, je reviens en arrière, pour relire un passage superbe, une phrase qui éclate comme éclair. Je prends aussi des notes pour mon blog dans lequel je chronique les livres que j’ai aimé. Par voie de conséquence, si je lis trois livres par mois c’est le bout du monde. La lecture ne me gêne pas lorsque j’écris, bien au contraire, le plus souvent, ça me remet à ma petite place, ça me permet de mesurer le chemin qui reste à parcourir, et ça me nourrit aussi. Je ne pense pas qu’on puisse écrire convenablement sans avoir lu et sans lire beaucoup. Les deux sont liés.

Est-ce que d’autres projets vous animent ? Pouvez-vous nous en parler ?

Actuellement je travaille sur mon prochain roman qui devrait paraître en 2020. J’en suis à la phase cogitation (donc déjà écriture) et documentation. Comme je suis fan de rugby et supporter de Brive, j’écris aussi bénévolement depuis trois saisons des chroniques des matchs disputés à domicile (Titre : Derrière les poteaux) sur un site qui s’appelle Allezbriverugby.com. C’est passionnant et très roboratif. Il y a la contrainte de la taille de l’article, il faut être court et original.

Que faites-vous le 11 mai ?! Cette date vous tient à cœur ? Pourquoi ?

J’ai prévu de passer la journée derrière une table à côté d’auteurs et d’auteures tous plus sympas les uns que les autres. Je me suis laissé dire que le repas valait le détour et que l’ambiance était fameuse. Accessoirement j’espère signer une quantité industrielle de livres. Ça se passe du côté de Fargues Saint-Hilaire, dans le 33.

Un petit mot pour Pépita, Marie-No, Karine ?

On ne se connaît pas encore mais je tiens à vous remercier toutes pour ce que vous portez. Faire vivre un salon du polar de nos jours est compliqué, il faut beaucoup aimer les livres pour s’accrocher, alors chapeau bas mesdames.

Un dernier mot ?

Indépendance. J’adore ce mot.

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Le jour du salon, vous pourrez rencontrer Sébastien et lui faire dédicacer les livres repérés, pour vous aider à compléter votre wish list, voici quelques titres :



Carajuru – Lucien Souny

Quatrième de couverture :

Le gendarme Walt Brewski en proie à ses propres démons…

Lors d’une patrouille nocturne, les gendarmes Walt Brewski et David Arpontet découvrent le corps d’un homme, sans vie, une balle en pleine tête. Il s’avère que la victime est un ancien militaire devenu récemment une célébrité en faisant échec d’une manière héroïque à un braquage dans une banque. Les premières constatations portent à penser qu’il s’agit d’un suicide, mais certains détails sèment le doute. Pour découvrir la vérité, Brewski et son équipe se plongent dans le passé de l’individu. Ils en exhumeront de sales histoires et de pénibles secrets. Alors que de nouveaux personnages troubles apparaissent, les pires tourments de Walt ressurgissent et corrodent son moral. Quand les âmes damnées s’unissent et que les victimes se révoltent, l’atmosphère devient explosive et… mortelle.

Akowapa – Lucien Souny

Quatrième de couverture :

Un fourgon de transport de fonds est attaqué par trois hommes. Butin : un million deux cent mille euros en petites coupures qui étaient destinées à alimenter les distributeurs de billets de la région. Mais le braquage, s’il a bien réussi, prend une tournure barbare et dégénère dans ses grandes largeurs. Un vieil homme mauvais comme la gale, son fils soumis, une jeune femme indépendante et rebelle et d’autres personnes peu fréquentables mais très intéressées par le magot vont interférer et évoluer en milieu hostile, dans une nature foisonnante et isolée. Dans ce récit crépusculaire, l’adjudant Walter Brewski est une nouvelle fois embarqué dans une enquête âpre et plus noire que la nuit. Une aventure où la violence et la cupidité se disputent le premier rôle.


Woorara – Lucien Souny

Quatrième de couverture :

Une enquête entre passé et présent qui s’annonce complexe…

Un homme criblé de trois balles est découvert dans un hameau isolé, sur le plateau de Millevaches. Tout porte à croire que le travail est l’œuvre d’un professionnel. Pilotée par l’intraitable juge Laîné et le colonel Tognotti, l’enquête est confiée à un groupe de gendarmes. Parmi eux, l’adjudant Walter Brewski, une forte tête spécialiste de l’intervention. L’équipe n’a que très peu de choses à se mettre sous la dent. La victime semble tombée du ciel ; le tueur n’a laissé aucune trace. Pas de mobile apparent ni d’arme du crime. Seule la course-poursuite engagée avec une mystérieuse berline la nuit du meurtre donne un peu d’espoir aux limiers de la gendarmerie, le nez collé à la piste poussiéreuse d’un assassin insaisissable et invisible. Sous une chaleur caniculaire, un deuxième cadavre apparaît, présentant le même modus operandi… Parce que le présent se noue ici dans les méandres d’un passé, où couvent encore les braises de la haine et de la vengeance, l’affaire entre dans un tourbillon survolté et diabolique.


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