Bonjour Céline.
Merci à toi de prendre un peu de ton temps pour répondre à mes questions.
J’avoue n’avoir encore rien lu de toi « ERREUR !» oui je sais ! Mais ça va vite se régler.
- Peux-tu te présenter aux lecteurs qui ne te connaissent pas (même ceux qui te connaissent d’ailleurs et qui sont curieux comme moi) et qui, à l’issue de cet entretien vont se ruer sur tes livres ?
J’ai 44 ans. Parallèlement à l’écriture, je travaille comme responsable de service dans un établissement accueillant des enfants présentant un handicap mental. J’ai donc un emploi du temps bien chargé et je jongle du mieux possible entre ma vie d’auteur et un travail très prenant mais aussi passionnant (qui me demande beaucoup d’investissement !).
J’ai trois bouquins publiés à mon actif et tout autant (si ce n’est plus) qui patientent dans des tiroirs !
Mon premier roman noir édité s’intitule « Voulez vous tuer avec moi ce soir ? ». C’est un polar réaliste autour de personnages a priori très ordinaires… Mais derrière les apparences, se cachent parfois des facettes plus sombres.
Mon second roman « La fille de Kali » et le troisième « Le cheptel » sont des thrillers, tous deux construits comme des puzzles que le lecteur reconstitue au fil des pages. Tous deux mettent en scène une équipe de gendarmes de ma Section de Recherche de Toulouse. Mais autour d’eux, gravitent un certain nombre d’autres personnages – dont celui du tueur (ou de la tueuse, va t’en savoir !) – qui occupent une importance équivalente…
Pour finir, je dirais que l’écriture est tout à la fois mon exutoire émotionnel, ma passion et le vecteur par lequel je passe l’Autre et le monde au peigne fin !
Quelle place avait la lecture dans ta jeunesse ? Et aujourd’hui ?
Je fais partie des enfants qui lisaient sous la couette avec une lampe de poche après l’extinction officielle des feux ! J’ai toujours adoré les histoires, surtout celles qui faisaient peur (mais pas que !) et je trouve qu’il n’y a rien de plus tripant que d’être embarquée – véritablement happée – par un roman !
Lorsqu’il y a à la fois le sens de la formule, le rythme et un scénario bien ficelé, je me retrouve en véritable transe ! C’est profondément jubilatoire ! Tu te mens à toi-même avec des « allez, juste un chapitre de plus, en m’organisant bien, j’ai le temps ! » comme si par une sorte de miracle, tu allais pouvoir prendre ta douche, t’habiller, faire ton trajet et être à l’heure au boulot en 15 minutes montre en mains, sachant qu’il te faut une heure et demi à l’accoutumée !!!
Inutile, après ce que je viens d’écrire, de préciser que oui, je lis toujours ! Pas autant que ce que je voudrais, certes… Mais lire est mon carburant !
Lorsque je rentre chez des gens qui n’ont pas de bibliothèque, je suis affreusement dérangée. Je me demande bien comment les gens font pour ne pas lire… Et c’est d’autant plus frappant pour moi que j’ai grandi au milieu des bouquins. J’avais des grands-parents libraires et il y avait des PAL partout !
Aujourd’hui, chez moi, je ne sais plus où ranger mes bouquins. Mais pour rien au monde, je ne pourrais m’en séparer. Les livres, c’est aussi des frangins qui cohabitent avec moi (ou squattent chez moi… ça, c’est selon la notion que l’on a du rangement !)
A quel âge as-tu commencé à écrire ?
Je ne sais pas ! J’ai toujours écrit, sûrement. Pas des livres, ça, il m’a fallu du temps ! Il fallait que je prenne confiance en moi, suffisamment pour libérer ma plume et être prête à risquer la confrontation avec le regard de l’autre !
J’ai des malles entières de lettres, de cahiers, de papiers volants noircis de poésies, de réflexions, de nouvelles…
En revanche, ce que je sais, c’est que je me suis longtemps demandé si je n’étais pas tarée tant je passais mon temps à imaginer des scénarios, à construire des scènes dans ma tête, à créer des univers… J’habitais le monde mais pas trop quand-même ! Le fait d’écrire aujourd’hui me procure un mieux-être certain. Je mets enfin à profit mon imagination et mon existence a davantage de sens…
Quel a été l’élément déclencheur ?
Je vais employer une formule pompeuse mais pourtant la plus juste pour traduire mes sentiments : la vacuité existentielle ! Voilà très exactement l’élément déclencheur.
J’ai réussi à me lancer lorsque la vie est devenue véritablement insupportable et vide pour moi. « L’écriture pour être lue » est alors devenue urgente, je ne pouvais plus me contenter de noircir des pages pour moi… Il fallait que je sorte de ‘’l’antre-soi’’ sous peine de devenir folle !
Pourquoi la littérature policière ?
J’ai baigné dans le roman noir. Ma mère lisait Agatha Christie, Simenon, San Antonio… Il y en avait partout dans la baraque ! Et moi, j’adorais le concept des intrigues policières, de la déduction ainsi que les ambiances sombres où les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent.
En bon enfant de la télé (mon père était réparateur TV, on avait des télés dans toutes les pièces de la maison !!!), j’ai très tôt été questionnée par les faits divers, les casses, le grand banditisme ou le terrorisme : « Bonsoir, la France a peur » au JT de 20 heures, les attentats d’Action Directe, l’Ennemi public numéro 1, le gang des lyonnais ou le casse de Spaggiari… J’ai grandi à cette époque, dans ce contexte-là, et je me souviens très bien m’être toujours sentie fascinée par ces évènements. Je me demandais sans cesse ce qui faisait moteur, élément déclencheur, motivation chez ces autres et ce qui séparait véritablement les gens lambda de ces criminels.
Je ne le savais pas encore mais je « capitalisais » de la matière pour les romans que j’allais écrire plus tard et où la question de la transgression et du passage à l’acte serait centrale.
Jacques SAUSSEY écrit en général dans les trains et toi ? Tu veux bien nous décrire l’endroit où tu écris ? Pourquoi ?
J’écris avant tout chez moi, dans mon salon durant les week-ends. Pendant les vacances, j’écris dans les maisons de location que nous choisissons avec mon conjoint : idéalement, j’ai besoin de lieux calmes, « inspirants » c'est-à-dire isolés et plantés dans un beau décor (montagne ou océan)… Je ne crache pas sur un bon feu de cheminée en hiver ou sur un beau jardin en été.
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Le réel. Ce qui se passe autour de moi, dans ce monde si plein de différences, de contradictions, d’émotions.
Mon sujet central, en permanence, c’est l’Humain, l’Individu. Ce qui se passe dans la tête de cet Autre ! Les rouages qui sont les siens. Sa porte d’entrée au monde. Ce qui le rend unique.
Que lis-tu en ce moment ?
Euh… j’ai fini « Mör » de Johana Gustawsson et je viens de commencer « LaRose » de Louise Erdrich.
Quels sont tes auteurs favoris ?
Pêle-mêle pour ce qui concerne le roman noir : Stephen King, Isaac Azimov, Richard Matheson, Michaël Connely, Franck Thilliez… mais cette question est piégeuse ! Parce qu’il y a tant et tant d’auteurs qui mériteraient d’être cités !
Un coup de gueule, un coup de cœur ? Lâches toi, on est entre nous !
Un coup de cœur : Cloé Medhi que j’ai découverte récemment avec « Rien ne se perd » édité chez Jigal. Une écriture au cordeau, un sens de la formule extrêmement jouissif, une sensibilité à fleur de peau, une empreinte poétique remarquable pour un roman noir social particulièrement bien renseigné !
Pour le coup de gueule, je m’abstiens parce que le roman qui me vient à l’esprit a tellement été encensé que je vais m’attirer trop de foudre ! Mais peut-être qu’avec quelques verres dans le pif à Fargues-Saint-Hilaire le 12 mai, je lâcherai quelques infos ! Ou pas… 📷;-)
Merci Céline, on se réjouit de te recevoir le 12 mai à Fargues Saint Hilaire pour une belle journée de psychopathes !
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