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Photo du rédacteurLes Psychopathes du Polar

Encore un bel échange, aujourd’hui c’est JL BIZIEN/MN©

Bonjour Jean Luc, merci à toi d’avoir accepté de te prêter au jeu du question/réponse. C’est un vrai plaisir pour moi.

Plaisir partagé.

- Tu veux bien te présenter aux lecteurs qui ne te connaissent pas encore ou qui te connaissent et qui ont envie d’en savoir un peu plus …..?

JLB - Je suis né en 1963 à Phnom-Penh (Cambodge), j’ai vécu Outre-Mer jusqu’à l’adolescence. J’ai habité longtemps en Normandie, puis à Paris. J’ai la chance de vivre depuis quelques années au Sud de la Corse. Je suis très fier de mes deux garçons, Elric et Adriel, respectivement parus en 1990 et 2005. J’ai commencé par le Jeu de rôle en 1989, puis je suis passé à la littérature, grâce à Serge Brussolo qui fut mon maître en écriture. J’ai beaucoup écrit et beaucoup publié – plus d’une centaine d’ouvrages, dont 70 albums jeunesse et des romans dans tous les genres, pour tous les âges. Aujourd’hui je me consacre essentiellement au thriller, mais je ne m’interdis pas des escapades dans d’autres genres. Je viens d’achever Les Veilleurs, un roman fantastique « young adult » pour les éditions ActuSF. Je suis le 13ème membre de la Ligue de l’Imaginaire, qui en compte 17 à ce jour.

- C’était quoi ton enfance ?

Un rêve éveillé. J’ai grandi aux Comores, en plein cœur de l’Océan indien. Pas de télé, pas d’Internet (je vous parle du précédent millénaire), mais des livres, du cinéma et une mer sublime, qui livraient quotidiennement des trésors indescriptibles. J’ai la chance d’avoir un papa extraordinaire, qui nous rapportait chaque jeudi trois revues : Spirou, Tintin et Pilote. Et puis de temps en temps Pif Gadget, dans lequel j’ai découvert avec stupéfaction Hugo Pratt et son Corto Maltese. J’ai également une maman extraordinaire, qui nous payait tous les romans que l’on pouvait demander, mon frère et moi. Nous avons grandi baignés par les images – tant BD que cinéma. Et avec la furieuse envie de raconter des histoires à notre tour. Aujourd’hui, mon frère Éric est illustrateur. Ça n’est pas un hasard.

- Tu lisais ? mais quoi ?

De tout, vraiment : de la science fiction, des livres de la bibliothèque rose ou verte, les Bob Morane, les westerns de Pierre Pelot, tout ce qui nous tombait sous la main. Jusqu’au jour où mon père m’a surpris sous son lit, en train de lire Ascenseur pour l’échafaud en série noire, parce que j’étais à cours de munitions. S’en est suivie une explication et j’ai compris qu’il ne servait à rien d’aller plus vite que la musique – il y a un âge pour tout. C’est ainsi que j’ai lu Le Grand Meaulnes à 8, 15, 20 et 30 ans en y découvrant chaque fois de nouvelles choses. Ensuite, il y a eu Djian, Brussolo, Dennis Lehane, les copains de la Ligue…

- Je sais que la BD est importante pour toi, quels sont tes coups de cœur ?

Trop nombreux pour tous les citer. Parmi les disparus, il y a Pratt, évidemment, ou Mœbius. Parmi les grands anciens, il y a Hermann, Tardi, Druillet, Caza, Franck Miller, Mike Mignola… Des maîtres conteurs, des génies du dessin. Ils sont également très nombreux dans la nouvelle génération : j’aime en particulier le travail de Michel Montheillet, Gérard Guéro, mon frère Éric, Emmanuel Saint…

- Peux-tu nous raconter comment tu as commencé à écrire ? et quel a été l’élément déclencheur ?

Le jeu de rôle a été un premier tremplin. J’ai d’abord écrit des scénarios, puis des jeux – Hurlements en 1989 puis Chimères, en 1994. Entretemps, j’ai travaillé avec divers éditeurs spécialisés et pour des revues (Casus Belli, Dragon Radieux, Plasma…). Une belle école d’écriture et de scénarisation. La rencontre avec Brussolo marque un tournant. Grâce à Serge, j’ai pris conscience que je pouvais écrire des romans. Il m’a aidé, accompagné, conseillé. C’est grâce à lui que j’ai abandonné l’enseignement pour me consacrer au seul métier que j’aime vraiment exercer. J’ai découvert un autre métier merveilleux : celui de libraire, au sein de la formidable équipe du Verbe du Soleil, à Porto-Vecchio. Se battre pour les livres, voilà un noble combat !

- Ecrivain, c’est un métier à temps plein pour toi ?

Oui. Ça n’est pas, contrairement à ce que beaucoup voudraient faire croire, un hobby. C’est un vrai métier, exigeant, contraignant. De plus, l’Édition est une maîtresse sans cœur, qui dispose de ses amants au gré de ses humeurs fluctuantes. Elle prend, elle jette. On peut être un jour sur le toit du monde… et ne plus exister le lendemain. Être écrivain, c’est plus qu’un métier : c’est une malédiction. Cela dit j’ai fait tout seul le choix de lui ouvrir les bras – personne ne force quiconque à pénétrer dans cette arène.

- Penses-tu que l’écrivain a un rôle particulier à jouer dans la société ? et quel est-il ?

En jeunesse, l’écrivain est un passeur. Il doit communiquer le plaisir de la lecture, l’envie de découverte – et éviter, autant que faire se peut, le piège du didactisme. L’apprentissage, c’est le domaine exclusif de l’école. Les livres sont là pour nous aider à grandir, pour nous faire réfléchir… et pour nous permettre, en quelques instants, de nous évader. Quand on écrit pour les adultes, le propos et la démarche sont très différents. Tout particulièrement dans le thriller, qui est je crois le plus parfait outil pour inviter le lecteur à réfléchir sur notre condition : ce que nous sommes, les conséquences de nos actes. Au fil des ans, le thriller a remplacé la littérature blanche. C’est aussi le moyen, sous couvert d’histoires rythmées et plaisantes, de dénoncer les aberrations de nos sociétés contemporaines.

- Tu fais quoi de ton temps libre ?

Je lis, je dors, je rêve, je veille à distance sur mes fils, je joue de la guitare, je rêve de monter un groupe, je profite des miens, j’apprécie une bouteille de bon vin en compagnie d’êtres chers, je fais l’amour… et je pense à l’écriture des prochains romans. C’est une malédiction, vous dis-je !

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- Bon on parle un peu de la trilogie des ténèbres si tu veux bien, pourquoi la Corée du Nord ? c’est quoi le délire ?Emmanuel Chaunu, le dessinateur de presse, m’a un jour apporté le livre de Philippe Grangereau « Au pays du Grand Mensonge » (Payot-Rivages). Un choc. Il me fallait écrire à ce sujet parce que (pardon de me répèter), c’est la fonction première du thriller. Et puis j’ai inventé des personnages, je m’y suis attaché… ce qui devait n’être qu’un « one shot » s’est peu à peu mué en trilogie.

- Et puis il y a CROTALES au Mexique, je t’avoue que Seth m’a manqué…c’est quoi la suite ? et où ?

La suite se déroulera en Corée du Sud. On revient au sources, parce que je me suis documenté sur un phénomène glaçant, qui mérite qu’on s’y intéresse. On retrouvera Seth, ainsi que d’autres personnages de la série. De plus, je dois trouver un éditeur qui ait envie de soutenir le projet. On verra bien. Mais avant cela, j’ai d’autres histoires à écrire : un roman noir, un thriller contemporain, une série de thrillers historiques, des romans fantastiques… je ne manque pas de projet, mais de temps.

- Je me suis attachée à tes personnages et donc addict quelque part et du coup c’est parfait, c’est quoi le cinquième ? tu veux bien en dire quelques mots ?

Merci, c’est toujours un bonheur de recevoir des retours enthousiastes ! Cette série est sans doute celle qui m’aura permis de discuter avec le plus grand nombre de lecteurs, même si ça n’est pas celle qui a remporté le plus grand succès commercial. Il est encore un peu tôt pour évoquer le prochain tome. Disons que je garde, dans un coin de ma tête, les grandes lignes d’un thriller qui nous conduira à Séoul, puis Pyongyang. Un voyage mouvementé, au cours duquel mes malheureux personnages ne seront guère épargnés. Une nouvelle plongée dans la folie des hommes.

- Un coup de cœur, un coup de gueule ? Lâches toi …….

Je n’ai pas envie de dénoncer des procédés ou de déclencher des polémiques stériles. J’ai entamé depuis quelques années une démarche qui m’amène à rechercher la lumière, plutôt que de m’enfoncer dans les ténèbres. On a un jour décidé de m’enterrer. Dont acte. On y est presque parvenu… mais je suis toujours là, grâce à une poignée d’amis fidèles, parmi lesquels des auteurs – ceux de la LdI en tête, mais d’autres aussi qui savent à quel point je leur suis reconnaissant – des libraires, des organisateurs de salon. Des gens qui n’ont pas écouté ce qu’on pouvait leur raconter, qui ont tendu la main et jugé sur pièce. Aujourd’hui, je suis revenu d’entre les morts. Je voudrais plutôt remercier les psychopathes du polar qui m’ont fait confiance et m’ont invité au salon. Et tous ceux qui me lisent, me soutiennent, viennent à ma rencontre. Ma famille de cœur, celle qui vit en Corse et celle qui vient nous y retrouver. C’est pour vous que j’écris, que je travaille et que je m’obstine à suivre ce chemin rocailleux. Au plaisir de vous voir et d’échanger, ici ou là !

Mille fois merci Jean Luc d’avoir dégagé du temps pour réponde à mes questions, rendez vous le 12 mai à Fargues Saint Hilaire. je t’embrasse.

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