“ Si je ne peux pas être qui je suis, je préfère être morte plutôt qu’être emprisonnée dans un corps qui n’est pas le mien.”
4ème de couv.Les premiers papillons ont éclos derrière des paupières. Elle en avait déjà vu de semblables, enfant, un été au bord de l'océan, jaunes et violets contre le ciel d'azur. Elle était allongée au soleil, l'herbe souple courbée sous sa peau dorée. Le vent tiède soufflait le le sel iodé de la mer dans ses cheveux. Aujourd'hui, l'astre était noir. Le sol dur sous ses épaules. Et l'odeur était celle d'une marée putride qui se retire. Les papillons s'éloignent de plus en plus haut, de plus en plus loin. Et l'air lui manquait. Lui manquait... Elle a ouvert la bouche pour respirer un grand coup, comme un noyé qui revient d'un seul coup à la surface. Les papillons ont disparus, brusquement effrayés par un rugissement issu du fond des âges...
EXTRAIT : La fille aux cheveux verts ne s’arrête pas. Elle n’a même pas ralenti. Sur la droite, un rire retentit dans le lointain et ricoche contre les murs. Un rire que l’Infirmière connaît bien. Un rire qu’elle n’aime pas, annonciateur que quelque chose de mauvais est arrivé, ou ne va pas tarder à se produire. Depuis le temps qu’elle travaille ici, elle a eu le temps de comprendre que la Cuisinière est une vraie salope, une de ces femmes pour qui faire souffrir les autres est une oeuvre de foi, comme certaines se lancent dans l’humanitaire pour assouvir leur soif d’existence. Ce besoin de torturer ceux qui ne vous ressemblent pas, ceux dont les moyens de défense sont réduits à l’espoir que les choses changent un jour.
MON AVIS Mais que d'émotions, mais que d'émotions, j'ai encore les yeux qui brillent ! tellement cette histoire est poignante, révoltante, pleine de haine mais tellement réelle. Et puis il y a le regard les autres, et surtout des parents, c'est bouleversant et terriblement injuste, j'ai eu envie de hurler jusqu'au bout... Le sujet traité sur les transgenres n'est peut être pas une première mais là chapeau Jacques Saussey pour l'avoir remis en lumière. La prostitution, les violences faites aux femmes, la religion, l'éducation, la vieillesse.... sont abordés de manière subtile mais pas que ! J'ai envie de dire que contrairement à la règle, le féminin l'emporte sur le masculin sur ce coup ! Petit clin d'oeil à l'Embaumeur (j'ai adoré !)...Bon je ne vais pas m'étaler plus que ça mais je vais terminer et te dire combien j'ai aimé ce livre, combien il m'a déstabilisé, combien j'ai été touchée par Virginie et combien mon regard n'est plus le même et combien je remercie encore et encore Jacques Saussey d'avoir écrit cette merveille. Ce roman que je qualifie de Noir mérite un prix, voire plusieurs, “affaire à suivre!” Merci French Pulp, c'est que du bonheur.
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