L'auteur :
Bonjour Virginie,
Merci d’avoir accepté de répondre à quelques questions qui me démangent….
- Qui es-tu Virginie LLOYD ? Parle-nous de toi.
Oh ! je ne suis qu'une amoureuse des mots. Je trouve qu'ils ont un pouvoir extraordinaire sur nos cœurs. Petite, les mots m'ont tellement aidée à affronter la vie, qu'écrire est devenu vital ! C'est une sorte de remerciement à la vie. Nos mots d'adultes sont les boomerangs de notre enfance. Il ne faut pas oublier le gamin qui est en nous.
Quoi d'autre ? Je me lève à 5h du matin, je lis de la poésie au petit-déj. J'ai un bureau en bordel. Des Post-it partout et j'écris en musique, le casque vissé sur les oreilles. Mes enfants et mon mari sont des particules de bonheur qui embellissent ma vie. Ah ! et j'ai un chat qui déteste mon clavier.
- Tu veux bien nous raconter un peu ton enfance et surtout tes lectures d’enfant ? un souvenir particulier ?
Mon enfance était celle des années 80 ! La musique, les vieilles bagnoles, les chewing-gums (les vrais qui font des mégas bulles) et le droit de traîner, de découvrir le monde, de rêver, de lire...
Mes 1ers bouquins ? Grâce à l'école. Je suis l'aînée d'une grande famille d'ouvriers, la littérature n'avait pas sa place entre les chaussures de sécurité, les casques de chantier et les galères des milieux modestes. Alors, lorsque j'ai découvert la lecture en classe, grâce à de supers profs, BAM ! j'ai senti ce vent de liberté m'envahir ! Y a des gosses qui bavent devant les jouets, moi c'était devant les livres ! Poésie, théâtre, livres dont vous êtes le héros, tout sauf les BD ! À 10 ans, je découvre les poèmes de Victor Hugo et rêve de remonter le temps pour lui dire : "merci Victor". Petite, je pensais que tous les écrivains du monde étaient morts et enterrés au Père-Lachaise.
Je ne peux pas dire que j'étais une dévoreuse de livres. J'avais droit à un bouquin par mois à la bibliothèque municipale. À l'époque, lire coûtait un bras, je ne traînais donc pas dans les librairies.
Puis j'ai découvert Emmaüs, les livres d'occasion qui puent le moisi, les antihistaminiques et là, oui, j'ai dévoré les bouquins ! À l'attaque ! Lamartine, Musset, Burns, mes premiers chéris de Lycée. Bon, y avait aussi ce beau gosse de Seconde B, mais il ne pigeait rien à Rimbaud alors j'ai préféré les livres.
- Pourquoi l’auto-édition ? dis-nous tout
Un esprit des années 80, libre et imaginatif, ça ne se bride pas facilement. lol. Alors, écrire librement, c'est nécessaire.
Vous savez, mon grand-père que j'adorais m'a appris à me débrouiller seule. "Tu connaîtras tes limites et apprendras beaucoup sur tes capacités". (J'espère qu'il est fier de moi, là-haut).
Aussi, lorsque j'ai vu que l'on pouvait éditer ses ouvrages, j'ai pris ça comme un défi ! Merci papi !
Oui, je sais, l'auto-édition, c'est aussi Amazon ! Beuk ?! Pas seulement, pas vraiment, si on creuse l'idée.
L'auto-édition, c'est :
- La liberté d'expression écrite. C'est l'esprit d'indépendance qui compte beaucoup de nos jours. C'est pouvoir écrire sans tabous, à son rythme et pouvoir changer de style au grès de ses inspirations. Vous saviez que Proust avait été auto-édité ? Il disait : "Il n'y a pas de réussite facile ni d'échecs définitifs". Il avait raison le grand Marcel ! Ce qui compte, c'est le cœur à l'ouvrage et je vous garantis que lorsque l'on est auteur indé, il en faut de l'énergie et de la détermination ! Alors si Proust l'a fait, je le fais aussi !
- Pouvoir garder ses droits d'auteurs. C'est pas rien.
- Pouvoir décider du prix de ses livres. Franchement, ça me torturerait l'esprit si un éditeur m'obligeait à vendre mes ebooks, par exemple à un prix indécent. La lecture, c'est pour tous ! Pour l'instant, c'est moi qui gère cela. L'éditeur avec qui je travaillerai un jour (car oui, ça aussi je veux essayer), eh bien, il est prévenu !
- Participer à un nouvel élan culturel. C'est chouette d'innover, de chambouler les bases. Je ne dénigre pas le système de l'Édition traditionnelle, il y a tellement d'intermédiaires, de tâches à accomplir, de difficultés... tout ceci n'est pas simple. Donc, vive l'Édition traditionnelle, mais, youhou ! on se réveille ! Il y a d'autres amoureux des livres : nous, les auteurs indépendants.
Édition/auto-édition, pour moi, c'est une guerre inutile, fatigante et injuste. La preuve, les grands éditeurs, eux aussi, vendent sur Amazon. Alors, comme on disait dans les années 80 : "pouet-pouet camembert !"
Laissez les indés vendre leurs livres dans les librairies et vous n'aurez plus de lecteurs-amazon. Invitez les indés en salons et vous verrez comme ils sont sympas, bosseurs et qu'ils ne mordent pas. Et un jour, peut-être, nous ne dirons plus auto-édités, édités, mais auteurs, tout court. Nous vivrons tous heureux, nos couvertures se feront la cour et nous aurons beaucoup d'enfants dans les rayons des librairies.
- Avoir le cœur à l'ouvrage ! J'ai besoin de me défoncer pour y arriver ! Parole de fille de BTP !
J'aime travailler sur ma communication et avec les différents acteurs du monde du livre. Les libraires, je les rencontre moi-même, nous échangeons beaucoup, c'est toujours un bonheur. Contrairement à ce que l'on croit, nous les auto-édités, nous ne tuons pas les librairies. Et oui, pas de stocks imposés et à gérer et un contrat "direct producteur", c'est-à-dire une plus grande marge pour les libraires.
Évidemment, rien ne m'empêchera un jour d'être aussi éditée. On appelle ça les auteurs hybrides. Travailler avec des éditeurs, découvrir "l'autre" côté de l'Édition, ça me brancherait bien. Faut tout essayer dans la vie ! Alors peut-être que j'enverrai un jour, mes textes. Affaire à suivre ;o)
- J’ai lu que tu as un planning 2019 assez intéressant (librairies et salons) comment ça se passe ?
Je kiffe ! J'adore ! Ce que j'aime par-dessus tout ce sont les dédicaces en librairie. Prendre le temps de rencontrer mes lecteurs. On me dit que je passe toujours trois plombes à papoter avec eux, mais j'adore ça ! Si vous saviez le bonheur que c'est de rencontrer du monde grâce à un bouquin ! Vous l'dis, le pouvoir des mots est précieux ! J'aime les gens et c'est magique !
Dans les salons, ce sont les rencontres avec les autres auteurs que j'adore ! Je dois être bizarre, mais si j'ai aimé un bouquin, faut tout de suite que je sache si l'auteur(e) est sympa ou pas. Donc, je file à son stand et je papote avec. S'il s'avère que c'est une andouille née, déçue, je finis en PLS. S'il est fabuleux (et c'est souvent le cas), je fais la danse du bonheur et je me ruine en achetant tous ses bouquins !
Cet été, je serai au Salon L'île aux Livres, à l'Île de Ré du 9 au 11 août. J'ai hâte. Et en septembre, plusieurs dédicaces sont programmées en librairies.
- Virginie LLOYD, c’est ton vrai nom ?
Si je vous le dis, je serais obligée de vous tuer.
- Quel est le livre que tu aurais aimé avoir écrit ?
L'annuaire. Petite, je me disais "waou ! y a tout ce monde sur terre ? En plus, ils ont l téléphone ! J'veux les voir !" Alors j'imaginais leurs vies croiser la mienne. Je sais, c'est bizarre ! Mais c'est vrai !
Parlons maintenant de ton premier livre QUITTE À TUER AUTANT LE FAIRE DANS L’ORDRE.
- Quel a été l’élément déclencheur ?
Le développement personnel. J'ai testé, ça m'a aidée et puis ça m'a stressée ! "Mais foutez-moi la paix ! On a le droit d'être malheureux des fois ? Et la mélancolie, bordel !"
Le bonheur était devenu une obsession, un gros mot ! C'était injuste ! Donc j'ai créé un personnage, Lily Brooks, qui s'emmêle les Post-it sur la route du bonheur !
- Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Multiples. Je suis une fan de TV et de ciné. Netflix, c'est le diable ? Alors, Hallelujah ! je suis damnée !
J'adore les dessins animés et les Mangas (South Park, Nicky Larson, Oggy et les cafards, Les Simpsons, Les Lapins Crétins), les séries déjantées et originales (Happy. Atypical, OA, Dark, Outlander...). J'ai une écriture assez visuelle et je crois que ma culture TV y est pour quelque chose.
Je fouille aussi dans les faits-divers pour trouver des profils de personnages, des intrigues. Je me balade sur Street View de Google pour des repérages. Je prends beaucoup de photos, où que j'aille ! J'ai besoin de figer l'instant pour pouvoir y revenir. Je puise aussi mon inspiration dans mes rencontres. Comme on dit : "tout ce que vous direz pourra se retrouver dans mon roman".
- Parle-nous de tes personnages qui sont hauts en couleur, j’avoue !
Pour mon 1er roman, je me suis lâchée, oui ! C'est vrai ! Lily est hyper carrée, douce et un peu déglinguée. Elle peut être personne et tout le monde à la fois. Je l'aime bien avec son humour à deux balles et ses défauts. Henriette, Hubert et Jacky, les p'tits vieux de la maison de retraite, quant à eux, sont un mélange de sagesse et de folie. La douce folie de l'âge. J'avais envie de traiter du thème de l'amitié entre générations.
Il y a aussi des personnages dits secondaires qui prennent de l'ampleur au cours de l'histoire, mais je n'en dis pas plus au risque de spoiler. Ah, oui ! Il y a la Grande Faucheuse toulousaine toujours à la bourre et qui se découvre un goût pour la poésie.
N'oublions pas le Bonheur qui en a marre de manger à table avec la peur, la haine, la vengeance et le mensonge. Et puis, il y a aussi les Post-it ! J'aime personnifier les objets, leur donner vie. C'est fabuleux l'écriture pour ça !
- Ton deuxième bébé arrive ce mois-ci, tu peux nous en dire quelques mots ?
Oui, avec plaisir ! C'est un roman au titre à rallonge comme le premier, mais absolument différent. Pas déjanté. Les thèmes traités (le respect de la différence, le besoin de se reconstruire, l'amitié) me sont très chers. Je me devais de moins jouer sur l'humour noir et les allégories. Plus terre à terre, ce roman vous embarquera dans l'univers d'Augustin, jeune garçon pas tout à fait comme les autres et de Victor, ancien taulard qui rêve qu'on lui foute la paix. Qu'ont-ils en commun ? À vous de le découvrir en lisant "Cher bonheur, j'ai pris la liberté de t'écrire. Dépêche-toi de répondre...".
Pour terminer, j’ai une manie, c’est les dernières fois de….. alors pour le fun voilà 5 dernières fois :
Ah ! j'adore les manies !
- La dernière fois que tu as fait quelque chose pour la première fois ?
Je suis allée en prison pour présente mon livre. C'était une première. Une chance. Beaucoup d'émotions et d'échanges.
- La dernière fois que tu as eu envie de tuer quelqu’un ?
À chaque fois que je vois Trump.
- La dernière fois que tu as dit : c’est que du bonheur ?
Je crois que je le dis tout le temps ! Cette interview, c'est que du bonheur ! Ma famille, c'est que du bonheur ! Cette barre de Nuts sur mon bureau qui me fait les yeux doux, c'est que du bonheur ! Être auteure, c'est que du bonheur ! Happy-ttitude sur 20 ! Toujours !
- La dernière fois que tu as eu un fou rire ?
Oh ! avant-hier ! Mon fils et ses réflexions. Toute une histoire ! Rien que d'y repenser, je me fends la poire. Je crois que mes zygomatiques sont plus musclés que les cuisses de Jean-Claude Van Damme.
- La dernière fois que tu as pleuré (film, livre….) ?
Alors comme je lis plusieurs livres à la fois, je dirai que j'ai pleuré ces derniers temps en lisant :
- "Claude Gueux" de Victor Hugo.
- "La vraie Vie" d'Adeline Dieudonné.
- "Réfugiés" d'Alan Gratz.
- "Né d'aucune femme" de Franck Bouysse.
- Et "La belle histoire d'une jeune fille qui avait le canon d'un fusil dans la bouche" de Denis Faïck.
Des histoires toujours d'actualité. Troublantes. Injustes. Écrites avec tant de justesse. J'ai encore une boule à l'estomac.
Bon Virginie, nous voilà au terme de cet échange, encore merci à toi d’avoir bien voulu te prêter au jeu. Je te souhaite pleins de succès et au plaisir de te rencontrer, le Bonheur quoi…..
Pareil ! Que du bonheur ! Merci infiniment.
©MNR
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